Etudes phytochimiques de trois plantes médicinales du Tchad oriental en vue d’une application comme biopesticides

Abstract

L’utilisation des pesticides d’origine synthétique comme celles des molécules antioxydantes de synthèse étant remises en cause en raison des risques de perturbations écologiques d’une part et des risques toxicologiques d’autre part, on se tourne actuellement vers les pesticides naturels et les sources végétales d’antioxydants naturels. C’est dans ce contexte que s’inscrit cette étude qui a pour objectif l’identification des métabolites du bois de tronc de diverses espèces végétales dont Terminalia macroptera, Calotropis procera et ceux des gousses de Acacia nilotica susceptibles d’être utilisés comme biopesticides pour les tester, à terme, sur des parasites ou des phytopathogènes. L’étude a consisté donc en l’analyse phytochimique de la poudre du bois de tronc de Terminalia macroptera (Combretaceae), de Calotropis procera (Asclepiadaceae) et de celle des gousses de Acacia nilotica (Mimosaceae) afin de découvrir d’éventuelles propriétés biopesticides. Ces plantes ont été sélectionnées à partir d’une enquête ethnopharmacologique menée, au préalable, auprès de 30 tradipraticiens de la région du Ouaddaï (Est du Tchad). La poudre fine du bois de tronc de Terminalia macroptera a été extraite par macération dans le méthanol ; après filtration et évaporation sou-vide, les extraits méthanoliques obtenus ont été regroupés en un seul extrait qui a été utilisé pour les autres phases de l’analyse phytochimique (fractionnement, purifification, analyses HPLC-UV-SM, etc.) et a produit tous les composés isolés et identifiés par la suite. La poudre de l’échantillon de Calotropis procera a été extraite successivement dans le méthanol puis le chloroforme pendant par macération et a donné une fraction méthnolique et une fraction chloroformique. Seuls les extraits méthanoliques de Calotropis procera ont fait l’objet d’analyses HPLC-UV/DAD. La poudre de gousses de Acacia nilotica a été successivement macérée dans le méthanol puis le chloroforme pour donner un extrait méthanolique et un extrait chloroformique qui ont été tous les deux analysés par HPLC/UV/SM. Les méthodes d’identification utilisées pour ces analyses sont l’UPLC-UV/DADMS/ QTOF et la RMN 1D et 2D. Ces analyses qui consiste en une première approche de la composition chimique des parties de ces plantes n’ont pas permis de proposer des structures cohérentes pour C. procera et A. nilotica qui nécessitent d’autres analyses complémentaires en UHPLC-UV-SM/SM. Cependant, dans T. macroptera ces analyses ont permis l’identification de l’acide ellagique, l’acide gallique, l’acide 3,3’-diméthyl ellagique, l’acide 3,3’,4-tri-Ométhyl ellagique, l’acide galloyl quinique, l’acide 23-O-galloyl arjunolique, l’acide C-galloyl ellagique, et l’acide 23-O-galloyl terminolique. Ces composés sont pour la plupart des polyphénols dérivés de l’acide gallique ou ellagique. De deux triterpènes identifiés, l’acide 23-O- galloylterminolique est identifié pour la première fois dans le genre sous sa forme d’ester d’acide gallique ; de même les stilbénoïdes identifiés dans ce travail le sont aussi pour la première fois dans la famille des Combretaceae. Les activités biologiques de certains extraits de T. macroptera ont été évaluées. C’est ainsi que l’évaluation des effets attractants ou repulsifs de certains extraits végétaux sur le moustique Culex sp., réalisée dans ce travail a permis de confirmer leur effet repulsif ; les propriétés antibactériennes des extraits végétaux évaluées sur Staphylococcus aureus par la méthode de microdilutions ont permis d’étudier l’effet inhibiteur des pompes à efflux (IPE) des extraits végétaux et de montrer que certaines fractions de T. macroptera ont un effet bactéricide plus marqué (meilleure CMI) que celui de l’antibiotique de référence, la ciprofloxacine ; l’évaluation du pouvoir antioxydant effectué avec le test du radical 2,2-diphenyl-1-picrylhydrazyl (DPPH) a permis de montrer que, comparées à un antioxydant de référence, les fractions de T. macroptera ont une activité antioxydante équivalente. Etant données les utilisations traditionnelles très anciennes de ces plantes, il est souhaitable que des travaux complémentaires soient réalisés ultérieurement pour des analyses phytochimiques et biologiques plus approfondies sur A. nilotica et C. procera mais aussi pour préciser les activités répulsives de T. macroptera sur de diverses espèces de moustiques