Equations allo métriques et estimation de la biomasse forestière dans les forêts denses tropicales de la Région de l’Est Cameroun

Abstract

L’indisponibilité des équations allo métriques spécifiques pour estimer la biomasse forestière a favorisé l’utilisation des équations tropicales générales qui sont des sources potentielles d’erreur dans l’estimation. Pourtant, la mise en œuvre de la stratégie REDD+ passe par une évaluation fiable des stocks de carbone forestier. Cette étude avait pour objectif d’estimer la biomasse forestière sur la base des équations allo métriques spécifiques établies dans l’Unité Forestière d’Aménagement (UFA) 10 065 située dans la Région de l’Est Cameroun. La structure et la diversité ligneuse de la zone d’étude, ont été analysées à l’aide des données d’inventaire des arbres de dhp ≥ 1cm de 7 parcelles de 250 x 20 m pour une superficie échantillonnée de 3,5 ha et 14 sous-parcelles de 10 x 10 m et 10 x 20 m (0,21 ha ). Les indices de diversité, la densité à l’hectare et la surface terrière ont été calculées. Les données de biomasse de 237 arbres (1 ≤ dbh ≤121 cm) obtenues par la méthode destructive ont été utilisées pour l’établissement des équations allo métriques pour l’estimation de la biomasse épigée. Les équations pour estimer la biomasse racinaire et totale ont été développées à partir des données de 25 et 13 arbres respectivement et celles pour estimer la biomasse du tronc et de la couronne à partir de 96 arbres. Les variables prédictives étaient le diamètre, la hauteur, la densité du bois et le diamètre de la couronne. Les tests supplémentaires ont permis de valider les meilleurs modèles de prédiction. La comparaison avec les équations existantes a été faite à partir des données des biomasses observées. La biomasse des compartiments de l’arbre a été estimée à l’aide des équations allo métriques spécifiques à la zone d’étude. La valeur moyenne de la teneur en carbone contenue dans la biomasse forestière a été déterminée à partir de 80 échantillons collectés sur 19 arbres. Le facteur d’expansion de biomasse et le ratio ont été calculés à partir des données de biomasse mesurée sur 96 arbres. La corrélation entre ces facteurs et les variables dendrométriques de l’arbre a été faite à l’aide du coefficient de Pearson. La fraction du carbone contenue dans la biomasse est estimée à 46 %. Les valeurs du facteur d’expansion de biomasse et ratio trouvées dans le cadre de cette étude sont respectivement de 2,18 et 0,22. xxiii Les données d’inventaires ont permis de relever que les familles les plus représentatives étaient les Meliaceae, les Malvaceae, les Fabaceae et les Euphorbiaceae. L’indice de Shannon (2,47 - 3,88) témoigne d’une riche diversité floristique dans la zone d’étude. En moyenne 5472 tiges ont été trouvées à l’hectare et leur abondance diminue avec l’augmentation des classes de diamètre. La surface terrière était en moyenne de 41,60 m²/ha. Les arbres de dhp ≥ 10 cm malgré leur faible abondance (409 tiges/ha), avaient la surface terrière la plus élevée (36,75 m²/ha). La prise en compte du diamètre de la couronne dans le modèle allo métrique améliore la qualité de la prédiction. Le modèle : ( ( ) ( )) ( )) avec quatre les variables prédictives était le meilleur ajustement pour l’estimation de la biomasse épigée. Toutefois, la validation des modèles avec les données mesurées n’a pas confirmé ce résultat. Il a montré plutôt que le diamètre de l’arbre est un bon prédicteur de la biomasse (épigée, hypogée, tronc et couronne), hauteur et diamètre de la couronne de l’arbre. La comparaison de la biomasse épigée observée dans la zone d’étude avec d’autres équations allo métriques existantes pouvant être appliquées à la zone d’étude a montré que l’équation de Djomo et al. (2016) était le meilleur prédicteur de la biomasse épigée du site d’étude et est recommandée pour les autres forêts tropicales humides d’Afrique Centrale en l’absence d’équations allo métriques spécifiques. La biomasse totale dans la zone d’étude a été estimée à 421 t/ha. Le tronc était le compartiment de l’arbre ayant la biomasse la plus élevée (220 t/ha, 52 %), suivi de la couronne (146 t/ha, 35 %) et enfin des racines (55 t/ha, 13 %). La classe de diamètre dominante de la forêt (dhp > 60 cm) malgré leur faible abondance à l’hectare (33 tiges/ha) contribue en moyenne à 52 % à la biomasse épigée forestière. Huit équations existantes ont été utilisées pour comparer l’estimation de la biomasse à partir des données d’inventaire issues de cette étude. La biomasse varie de 261 t/ha pour l’équation de Ngomanda et al. (2014) à 437 t/ha pour l’équation de Djomo et al. (2010) et le test d’ANOVA a montré qu’il existe une différence significative entre les biomasses estimées à partir de ces équations. Les données de biomasse de cette étude peuvent être considérées comme des contributions nécessaires pour la mise en application du processus REDD+ au Cameroun.