Impact de la fertilisation minérale sur l’activité biologique et le stock de carbone dans les sols sous cacaoyers au centre-sud et sud-ouest de la Côte d’Ivoire.

Abstract

En Côte d’Ivoire, la dégradation et la baisse de la fertilité des sols sous cacaoyères incitent les cacaoculteurs à faire usage des fumures minérales pour les y restituer. Cette pratique suscite des inquiétudes au niveau de la biologie du sol et de l’environnement. C’est pourquoi la présente étude a été menée durant 3 années avec pour objectif d’identifier des fertilisants minéraux susceptibles d’enrichir les sols sous cacaoyers, d’impacter l’activité biologique et le stock de carbone du sol. Les travaux ont été menés dans 6 cacaoyères équitablement répartie dans les régions de la Nawa et du Lôh-Djiboua. Dans chaque cacaoyère, le dispositif expérimental est composé de 4 blocs complets de Fisher avec 4 traitements : T0, T1, T2 et T3. T0 est le témoin sans engrais et T1 et T2 sont respectivement NPK 0-23-19 (F1) et NPK 0-15-15 + 17 CaO + 5 MgO + 1 B2O3 + 0,5 Zn (F2). T3 se présente sous deux formulations qui diffèrent par les doses d’azote, de phosphore et de potassium NPK 4-10-10 + 19 CaO + 4 MgO + 0,8 B2O3 + 0,3 Zn correspondant à F3 et F4 où NPK= 3,5-14-7. La densité, la diversité de la macrofaune du sol et la vitesse de décomposition des feuilles de cacaoyers ont permis de mesurer l’activité biologique. Pour les deux premières variables l’on s’est servi de 96 monolithes de terre de 25 x 25 x 30 cm3 issu de l’horizon 0-30 cm ; et pour la troisième variable autant de quadras grillagés de 1 m2 ont utilisés. Dans chaque parcelle élémentaire le stock de carbone a été déterminé pour les horizons 0 - 10, 10 - 30 et 0 - 30 cm. Les résultats montrent que les variables caractéristiques de la macrofaune du sol et la décomposition des litières sont significativement améliorées dans les sols fertilisés dans les deux zones agro-écologiques étudiées. En effet, la richesse spécifique varie entre 3,9±0,4 et 4,6±0,5 espèces dans les sols témoins contre 6,7±0,4 et 7,6±0,6 espèces pour les autres sols. Il en est de même de l’indice de Shannon qui est compris entre 1,5 et 1,6±0,1 dans les sols témoins contre 2,1±0,2 et 2,3±0,1 dans les autres sols. Quant à la densité de la macrofaune, elle diffère seulement dans la Nawa où elle vaut 124±24,2 ind.m-2 dans les sols non fertilisés, tandis qu’elle varie entre 247,1±34 et 317±65 ind.m-2 dans les sols fertilisés. En outre, la décomposition des feuilles de cacaoyers a été plus rapide dans les sols fertilisés. Contrairement à l’activité biologique, les stocks de carbone du sol ne diffèrent pas significativement entre les types de traitement. Dans l’ordre des traitements T0, T1, T2 et T3, les teneurs en carbone sont de 4379,6 ; 5517,3 ; 3676,6 et 4747,5 gC.m-2 dans la Nawa et 4716 ; 5180,7 ; 5160,5 et 5386,8 gC.m-2 dans le Lôh-Djiboua. Ces résultats montrent qu’il est possible de durabiliser la cacaoculture en adoptant la fertilisation minérale, car les valeurs obtenues sont comparables à celles d’un système agroforestier à base de cacaoyers. Mots clés : Impact - Fertilisation minérale .