Evaluation de l’efficacité de Beauveria bassiana , des extraits des graines de Thevetia peruviana et d Azadirachta indica contre Hypothenemus hampei

Abstract

La production de café continue de décroitre considérablement malgré plusieurs plans de relance du gouvernement et la place qu’elle occupe dans les exportations du Cameroun. Les contraintes phytosanitaires et leurs stratégies de gestion sont parmi les causes majeures de cette régression de la production. Face à cela, cette étude s’est fixée comme objectif d’apprécier l’effet du champignon entomopathogène Beauveria bassiana, des extraits aqueux des graines de Thevetia peruviana (EATP), des extraits aqueux (EAAI) et d’huile (EHAI) des graines d’Azadirachta indica contre Hypothenemus hampei Ferrari (Coleoptera: Scolytidae). Des enquêtes et des observations ont été effectuées respectivement auprès de soixante-trois producteurs et de leurs caféières, dans les sites de Doumé, Bamendjou et Melong. Par la suite, des essais en laboratoire ont été réalisés en élevant des populations de scolytes récoltées dans les baies infestées en champ et en isolant B. bassiana (deux isolats) sur des échantillons de sol issus des parcs à bois de l’IRAD Nkoémvone (Bb-IRAD.Nkoe sur café Robusta) et Foumbot (Bb-IRAD.Fbt sur café Arabica). Les tests d’efficacité ont été réalisés sur des scolytes adultes non sexés, en utilisant cinq concentrations de B. bassiana (3×102 (C1), 3×104 (C2), 3×106 (C3), 3×108 (C4), 3×1010 (C5) spores/ml) et quatre doses (12,5 (C1), 25 (C2), 50 (C3), et 100 (C4) mg/ml pour les extraits aqueux et en μl/ml pour l’huile) d’extraits des graines de T. peruviana et A. indica. Les mêmes extraits et doses des plantes ont été utilisées pour les tests de compatibilité avec B. bassiana. Les effets des substances naturelles ont été comparés aux témoins de référence dont l’insecticide chimique à base de Chlorpyriphos-éthyl et le fongicide chimique à base de Chlorothalonil + Diméthomorphe. Enfin en champ, dans un dispositif en blocs complets randomisés, l’efficacité des meilleures doses au laboratoire des différents traitements a été évaluée contre H. hampei à 0-1 m et 1-2 m de hauteur des caféiers, durant les années 2019 et 2020. Les résultats des enquêtes et des observations dans les caféières ont montré que les insectes étaient les contraintes phytosanitaires les plus redoutables à Melong et Doumé. A Bamendjou, Colletotrichum kahawae (agent responsable de l’anthracnose) était l’attaque la plus redoutable dans 100 % des caféières. Le défrichage et la taille des caféiers étaient appliqués par 100 % des producteurs enquêtés. Cependant, l’application des insecticides, fongicides et herbicides dépendait de l’incidence, de la sévérité et de la période d’apparition ou de manifestation des pestes. Ainsi, l’application des fongicides était plus intense à Bamendjou (80 % des producteurs), tandis qu’à Melong et Doumé, c’était respectivement l’application des herbicides (90 % des producteurs) et l’application des insecticides (80 % des producteurs). Les deux isolats de B. bassiana (Bb-IRAD.Fbt et Bb-IRAD.Nkoe) étaient différents tant par leurs paramètres de développement que par leur virulence. Ils se sont avérés très virulents aux fortes concentrations en causant la mortalité de 50 à 90 % de scolytes, qu’ils soient appliqués directement sur les scolytes ou sur les baies. Les EHAI et EATP ont été plus efficaces que les EAAI contre H. hampei. Des taux moyens de mortalité de 78,7 à 100 % de scolytes ont été enregistrés avec EHAI alors qu’avec les EATP, des mortalités allant de 0 % (C2) à 94,9 % de scolytes (C4) ont été enregistrées. Ces effets ont été meilleurs après le traitement direct des scolytes que celui des baies. L’évaluation de la compatibilité a montré que les fortes concentrations des EATP, EHAI, EAAI et le Chlorpyriphos-éthyl ont été incompatibles en inhibant (50 à 90 %) tous les paramètres de développement (croissance mycélienne, production et germination des spores) des deux isolats de B. bassiana. L’eau distillée stérile et le Chlorothalonil + Diméthomorphe ont été compatibles avec tous les paramètres de croissance des deux isolats. Les tests en champs ont montré que les isolats de B. bassiana, l’EHAI et le Chlorpyriphos-éthyl ont significativement mieux protégé les baies à toutes les hauteurs des caféiers que les EAAI et EATP. Les taux d’attaque des baies ont baissé de 30 à 40 % après application des traitements. Entre les deux années d’expérimentation, une réduction de 1 à 2 % des taux d’attaques des baies a été enregistrée. Toutefois, les conditions environnementales ont augmenté la virulence des pestes et réduit l’efficacité des traitements appliqués. Les rendements en baies sèches ont été meilleurs à Doumé avec 60 % d’augmentation du rendement observé avec Bb-IRAD.Fbt, Bb-IRAD.Nkoe et le Chlorpyriphos-éthyl, qu’à Melong où l’augmentation du rendement variait entre 33,3 % (Chlorpyriphos-éthyl), 34,8 % (Bb-IRAD.Nkoe) et 43 % (Bb-IRAD.Fbt). A Bamendjou, les taux d’amélioration des rendements en baies sèches ont été d’environ 70 % avec les extraits des plantes. Les résultats de cette étude ont montré qu’il serait nécessaire que B. bassiana, T. peruviana et A. indica, soient intégrés dans les programmes de lutte contre H. hampei. Il serait aussi primordial qu’une loi sur l’agriculture biologique ou durable soit mise en place pour valoriser et inciter la production, le développement et l’utilisation de ces substances naturelles