Diversité floristique et stockage de carbone dans les agrosystèmes élaeicoles villageois des environs de Yaoundé au Cameroun

Abstract

La culture du palmier à huile suscite de la controverse à cause de son impact jugé négatif pour le maintien de la biodiversité. En effet, la diversité floristique des agrosystèmes élaeicoles villageois (AEVs) est mal connue, tout comme leur performance à séquestrer le carbone. Ce travail porte sur l’étude de la diversité végétale et le stockage de carbone dans les AEVs des environs de Yaoundé au Cameroun. Les données ont été collectées à travers les enquêtes auprès des producteurs, les inventaires floristiques en champs, l’échantillonnage des herbacées et litières, la prise des mensurations des espèces associées et des palmiers et le prélèvement des échantillons des sols. Au total 12 agrosystèmes élaeicoles villageois (AEVs) d’âges compris entre 7 et 22 ans et de superficies allant de 4 à 13 ha, pour un total de 93 ha, ont été parcourus. Leurs variables biotiques et abiotiques ont permis de les regrouper en trois types. Les AEVs Type 1 désignent ceux dans lesquels les intrants chimiques sont appliqués, ainsi qu’une pratique plusou moins régulière de l’élagage et du désherbage. Les AEVs de Type 2 regroupent ceux qui ne reçoivent pas d’intrants chimiques mais où le désherbage et l’élagage sont pratiqués de façon plus ou moins régulière. L’ensemble constitué des palmeraies dans lesquelles la récolte des grappes est l’unique pratique de gestion appliquée forme les AEVs de Type 3. Dans l’ensemble des 12 AEVs 105 individus d’espèces ligneuses associées appartenant à 33 espèces et 23 familles ont été inventoriés. De manière globale dans la strate inférieure, 156 espèces appartenant à 128 genres et 59 familles ont été inventoriées. Les AEVs de Type 2 et de Type 3 sont les plus riches en espèces, avec respectivement, 20 ± 5 espèces et 17 ± 6 espèces. Ils présentent également une richesse spécifique élevée, comparés aux AEVs de Type 1. Le fond floristique des AEVs est dominé par Costus afer Ker Gawl., Chromolaena odorata (L.) R.King & H.Rob., Laportea aestuans (L.) Chew et Marattia cicutifolia Kaulf. Les AEVs stockent 80,37 tC / ha dans la biomasse végétale aérienne ; 0,44 tC / ha dans les litières et 57,96 tC / ha dans le sol. Le stock de carbone des palmiers est estimé à 77,47 tC / ha, soit 67,99 t/ha dans les stipes, 6,25 t/ha dans les feuilles, 2,83 t/ha/ans dans les grappes et 0,38 t/ha dans les fleurs. Le stock moyen de carbone organique des sols (COS) est de 57,96 tC / ha. Les AEVs stockent en moyenne 221,76 t C / ha. Les AEVs de Type 1 séquestrent (230,21 tC / ha), contre 214,47 tC / ha dans les AEVs de Type 2 et 199,80 tC/ha dans les AEVs de Type 3. Le crédit carbone moyen pouvant être généré par les AEVs est estimé à 953 997 ± 158 367 F CFA / ha. Les stocks de carbone des AEVs sont supérieurs à ceux des systèmes agroforestiers à base de cacaoyers et se rapprochent de ceux des forêts secondaires. Le déficit de stocks de carbone par rapport aux forêts naturelles pourrait se justifier par l’importance économique des palmeraies, bien qu’un service écosystémique n’en remplace pas un autre.