Caractérisation du fonctionnement hydro-sédimentaire d’un environnement estuarien en zone tropicale : cas de l’embouchure du fleuve Comoé à grand-bassam (sud-est de la côte d’ivoire).

Abstract

L’estuaire du fleuve Comoé à Grand-Bassam connaît une dynamique hydrosédimentaire un peu plus particulier que les autres estuaires de la Côte d’Ivoire. En effet, les dépôts successifs de sédiments donnent naissance à un banc de sables qui rompt le contact naturel entre le fleuve Comoé et l’Océan Atlantique. Ceci occasionne la surcharge des eaux, le confinement et l’envahissement du milieu estuarien par des végétaux flottants. Le présent travail a pour but de connaître la dynamique spatio-temporelle des paramètres physico-chimiques, notamment ceux des charges solides en suspension qui participent au comblement de l’estuaire du fleuve Comoé. Les prélèvements d’eau ont été effectués sur deux cycles saisonniers entre 2005 et 2007 pour quantifier le transport solide en suspension. Les profils de plage ont été déterminés afin d’évaluer la tendance évolutive de la plage. Dans une première approche, les paramètres physico-chimiques ont été étudiés verticalement et horizontalement sur les saisons hydrologiques du fleuve Comoé. Les eaux de l’estuaire sont moyennement minéralisées et présentent des valeurs de pH proches de la neutralité. La minéralisation est influencée par les saisons. Le milieu est turbide et faiblement oxygéné sur toutes les saisons. Les teneurs en oxygène dissous sont de 0,5 mg.L-1 en moyenne pendant les saisons pluvieuses et 1,6 mg.L-1 pendant les saisons sèches. L’estuaire du fleuve Comoé présente des salinités relativement faibles (1 mg.L-1 en moyenne) pendant les saisons sèches. Dans la deuxième approche, l’analyse des charges solides en suspension et de la nature des sédiments montre que les variations des apports particulaires sont étroitement liées aux saisons hydrologiques. Le bilan global annuel des entrées et sorties des flux de matières en suspension calculé sur la base des apports liquides et des charges solides en suspension montre que l’estuaire du fleuve Comoé retient environ 72000 tonnes de sédiments par an. Près de la moitié de cette charge solide est transportée au cours de la petite saison des pluies. Les sables qui composent les sédiments de l’estuaire du fleuve Comoé sont majoritairement fins à moyens et médiocrement classés avec un grain moyen de 425 μm. Dans la troisième et dernière approche, l’évolution des profils de plage a permis de quantifier les sédiments à l’embouchure du fleuve Comoé. Ainsi 421528 m3 de sédiments se sont déposés contre 60062 m3 érodés. Ce qui traduit un engraissement important à l’origine de la fermeture de l’embouchure du fleuve Comoé.